Mémoires de l'Himalaya

Fonds Corneille JEST (1930-2019)

Corneille Jest, Dolpo, 1960

Biographie

par Fernand Meyer

Né à Strasbourg le 12 février 1930, fils unique d’un père ingénieur et d’une mère au foyer, Corneille Jest a passé son enfance dans son village de Souffelweiersheim, alors encore largement agricole. Toute sa vie, il a tenu à entretenir des liens affectifs avec son milieu d’origine et son identité alsacienne au long d’un parcours qui lui a ouvert des horizons de plus en plus larges et riches.

En 1930, lorsque les habitants de l’Alsace et de la Moselle sont évacués devant la progression des troupes du Troisième Reich, et que son père se trouve alors engagé dans l’armée française, C. Jest, accompagné de sa mère et de sa grand-mère, est accueilli à Millau, en Aveyron, par la famille de M. Artières avec laquelle le père de Corneille avait des liens professionnels. C’est donc à Millau qu’il poursuit ses études jusqu’en classe de seconde.

Son père, démobilisé de l’armée française après l’armistice, y vient rejoindre sa famille et est affecté au génie civil de l’Aveyron. Il sera plus tard interné au camp de Neuengamme en Allemagne pour des faits de résistance, et la famille Jest ne se retrouvera au complet, en Alsace, qu’en 1945.

A Millau, C. Jest avait trouvé en Simone, une des filles de M. Artières, une amie d’enfance avec laquelle il maintint le contact, et qui deviendra ensuite son épouse.

Après le baccalauréat obtenu à Strasbourg, il s’oriente d’abord vers un cursus visant le Certificat d’études supérieures préparatoires en sciences physiques, chimiques et naturelles (SPCN), cursus interrompu par des problèmes de santé qui imposent des séjours prolongés en préventorium. C’est alors qu’il choisit de s’orienter plutôt vers des études en sciences humaines et sociales à Strasbourg où il passe la licence et est ensuite encouragé à poursuivre ses études à Paris auprès du professeur André Leroi-Gourhan en 1953. 

La même année, des relations de ses parents qui l’ont mis en contact avec un missionnaire suisse des chanoines réguliers de Saint-Maurice posté dans le district Kalimpong, préfecture apostolique du Sikkim, lui donnent l’opportunité d’un premier voyage en Asie financé par son père. Il s’agit là de sa première expérience de terrain où, dans ce qui avait été un ancien territoire du royaume du Sikkim, il rencontre non seulement la culture tibétaine, mais aussi la population autochtone des Lepchas auxquels il semble s’être intéressé alors plus particulièrement. De ce premier terrain il publiera un an plus tard (1954) un ensemble de photos intitulé Visages Lepchas, dans le numéro 6 de la revue Sciences & Nature patronnée par le Muséum d’histoire naturelle, puis un article « Religious Beliefs of the Lepchas in the Kalimpong District (West Bengal) » dans le Journal of the Royal Asiatic Society, vol 92, N°3-4, 1960.

Corneille Jest in the Himalayas, 1969

Corneille Jest en Himalaya, 1969.

C’est donc à partir de la rentrée de 1953 que C. Jest commence à suivre les enseignements du Centre de formation aux recherches ethnologiques (CFRE), fondé par A. Leroi-Gourhan en 1946, et présidé par lui au Musée de l’Homme, Paris. Ce cursus se singularise alors par l’organisation de stages de terrain de huit semaines en France, et son rattachement au CNRS depuis 1948. Les enseignements donnés au Musée de l’Homme sont toutefois étroitement associés à ceux de l’Institut d’ethnologie de l’Université de Paris qui avait été fondé en 1922 par M. Mauss, P. Rivet et L. Lévy-Brühl.

André Leroi-Gourhan (1911-1986), préhistorien et anthropologue, se distinguait alors dans le domaine des sciences humaines et sociales, notamment par l’importance qu’il attachait à une approche pluridisciplinaire des communautés humaines, passées et présentes, sous l’angle privilégié de leur culture matérielle, une anthropologie des techniques, ce qui l’amenait à être impliqué dans la vie de plusieurs musées, tout particulièrement au Musée de l’Homme. Ce type d’approche va marquer à des degrés divers toute la suite du parcours professionnel de C. Jest.

En 1954, pendant que la France est engagée dans la guerre d’Algérie, il est appelé à effectuer son service militaire dans la marine nationale. Après être passé par Brest puis Toulon, il est affecté à la base militaire de Khoribga au Maroc, où son épouse Simone le rejoint après leur mariage l’année suivante. En 1956, alors qu’il est toujours sous les drapeaux, A. Leroi-Gourhan l’informe qu’il a la possibilité de le proposer comme candidat à un poste de stagiaire au CNRS. Si cela lui agrée, la candidature suppose d’emblée le choix d’un terrain de recherche. Le maître suggère au futur candidat de se proposer pour l’Asie plutôt que l’Afrique où il y a déjà, selon lui, pléthore de chercheurs. En raison de son goût pour la montagne et sans doute de sa première expérience de terrain au Sikkim, il opte pour le Népal qui venait de s’ouvrir aux étrangers en 1951.

Ce n’est donc qu’après la fin de son service militaire, en 1957, qu’il rentre en France avec son épouse et réintègre le milieu universitaire et muséologique de l’anthropologie française. Bientôt titularisé chercheur au CNRS, il y mènera toute la suite de sa carrière professionnelle.

De 1957 à 1959, C. Jest suit aussi les cours de Claude Lévi-Strauss à l’École Pratique des Hautes Études. Son parcours intellectuel et ses travaux ultérieurs ne seront toutefois pas marqués par le structuralisme alors en vogue croissante en anthropologie. Sa carrière se poursuivra plutôt dans le sillage de certains des aspects promus par l’approche de A. Leroi-Gourhan. C. Jest entretient notamment des liens étroits avec le Musée de l’Homme dirigé alors par le prof. Jacques Millot, médecin, naturaliste et anthropologue. Il y sera responsable du Centre de formation à la recherche ethnologique, sous la direction A. Leroi-Gourhan.

En 1959 il renforce sa collaboration avec Jean-Dominique Lajoux, photographe et cinéaste ethnologue. Au cours des années, cette collaboration débouchera sur plusieurs films, tournés, d’une part en Aveyron (Thèse de troisième cycle de C. Jest : Le Haut-Levezou : techniques et économie d’une communauté rurale, Sorbonne 1960), puis plus largement en Aubrac, et d’autre part au Népal dans les décennies suivantes.

Corneille Jest et Charles Parain dans le cadre de la RCP Aubrac, 1964. source: MUCEM

Corneille Jest et Charles Parain dans le cadre de la RCP Aubrac, 1964. source: MUCEM

Le début des années soixante marqua, pour C. Jest une période de partage d’importantes activités de terrain entre le Népal et la France (programme Aubrac).

La découverte de son premier terrain au Népal, dans la région de culture tibétaine de Dolpo alors encore très difficile d’accès, et qui allait alimenter au long de plusieurs années ses recherches en vue du doctorat d’Etat (1972), doit beaucoup à David Snellgrove, alors professeur d’études tibétaines à la School of Oriental and African Studies (SOAS) à Londres.

Corneille Jest, David Snellgrove et Pasang Khambache, Dolpo, 1960

Corneille Jest, David Snellgrove et Pasang Sherpa, Dolpo, 1960.

A l’été 1960, C. Jest se rend à Dolpo où il est introduit par D. Snellgrove, et établit sa base d’enquête dans le village de Tarap. Après ce premier séjour de onze mois, assisté notamment de Pasang Sherpa, collaborateur de D. Snellgrove, il y retournera régulièrement en 1963, 1965 et 1967 pour de plus courts séjours complémentaires.

Au cours de ces mêmes années, C. Jest milita activement pour la création en France d’une structure pluridisciplinaires dédiée à la recherche au Népal. Ce fut chose faite en 1965 avec la création de l’équipe « Étude des régions népalaises » dans le cadre des Recherches coopératives sur programme (RCP 65) récemment instituées par le CNRS.  Il anima cette formation, comprenant au départ essentiellement des ethnologues, comme chef de mission sous la responsabilité statutaire du professeur Jacques Millot. Très tôt, il tint à ce que la formation se dote d’un centre documentaire sur les régions himalayennes. Enrichi par des achats et la documentation rapportée du terrain par les chercheurs au cours des années, ce centre deviendra un des plus importants dans le domaine.

Parallèlement à ces développements concernant la recherche française au Népal, C. Jest, qui était alors responsable du Centre de formation à la recherche Ethnologique (CFRE) au Musée de l’Homme sous la direction de A. Leroi-Gourhan, intéressa ce dernier à la formule des Recherches coopératives sur programme pour la mise en place d’un projet de recherche en France, associant les sciences humaines aux sciences de la vie, à l’économie et à l’agronomie, la production de connaissances devant aussi ouvrir sur des perspectives de développement. C. Jest, qui connaissait la région, proposa l’Aubrac où se déroula un important programme collectif de 1964 à 1966.

Pour lui, ce regard croisé pluridisciplinaire sur une aire géographique, économique, sociologique et culturelle bien déterminée et cohérente, connaissant alors des changements importants entre tradition et modernité, ouvert sur d’éventuels projets de développement, resta un modèle dont il s’inspirera pour divers projets collectifs qu’il allait initier au Népal dans les décennies suivantes.

Corneille Jest et Gakar Rinpoche, Tarap, 1965

Corneille Jest et Gakar Rinpoche, Tarap, 1965.

En 1970, sous la direction de C. Jest, l’ancienne RCP Népal fut remplacée par une nouvelle équipe, « Écologie et géologie de l’Himalaya central » (RCP 253), élargissant son champ d’action en Himalaya, au-delà du Népal, et son champ disciplinaire à l’anthropologie biologique, la géographie, la géologie, l’écologie et l’agronomie.

La relève de ces premières formations fut ensuite prise par le Groupement de recherche sur programme (GRECO) « Himalaya-Karakorum » (1976-1990), puis, à partir de 1985, par l’Unité de recherche propre (UPR299) « Milieu, sociétés et cultures en Himalaya » renommée « Centre d’Études Himalayennes » en 2010.

Dans ces diverses structures, et même lorsqu’il n’exerça plus de fonction de direction, C. Jest joua un rôle moteur important d’inspirateur et d’animateur de la recherche, tant individuelle que collective, jusqu’à son départ à la retraite en 1997.

En 1980, en compagnie d’autres chercheurs de diverses disciplines, dont Patrick Le Fort, Michel Colchen et Jean-François Dobremez, il a participé au Symposium sur le Plateau tibétain, organisé par l’Académie des sciences de Chine à Pékin (26-30 mai), suivi d’une première visite de chercheurs étrangers dans la Région autonome du Tibet (1er– 14 juin).

La carrière de C. Jest fut marquée par les traits suivants :

– Sa vision très large du domaine de la recherche lui permettant d’entrer dans un dialogue productif avec les chercheurs d’autres domaines que le sien.

– Son goût pour les enquêtes de terrain approfondies, comme en témoigne la richesse documentaire, au large spectre d’intérêts, de ses carnets de terrain, et pour les projets collectifs croisant les apports de diverses disciplines.

– L’empathie qu’il manifestait, avec naturel et spontanéité, à tous ses interlocuteurs locaux, informateurs et collaborateurs ou encore collègues et institutions, facilitée notamment par sa maîtrise du népali et du tibétain. Le lien d’entente confiante qu’il a entretenu au cours de toute sa carrière avec son assistant népalais Sarkiman Majhi, l’invitant à venir séjourner dans sa famille en France, est un témoignage éloquent de la qualité de ces relations.

– L’importance accordée à la constitution d’un riche fonds de ressources documentaires communes (sources écrites ou figurées récoltées sur le terrain, photographies et films, enregistrements audio, cartes, etc.), ainsi qu’à la collecte d’objets sur le terrain (herbier déposé au Muséum d’histoire naturelle de Paris, important fonds d’objets maintenant conservé au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac).

– Son intérêt porté aux techniques matérielles de production et du quotidien.

– Son ouverture de la recherche sur les questions de développement économique ou de conservation et de valorisation du patrimoine (rôle de consultant pour l’UNESCO entre autres), avec la visée d’une restitution locale des acquis de la recherche.

C. Jest and Sarkiman Majhi

Corneille Jest et Sarkiman Majhi, Kathmandu, 1975.

Outres ses riches carnets de terrain, C. Jest nous a notamment laissé un très important fonds de photographies dont la valeur documentaire est souvent accrue par leurs frappantes qualités esthétiques qui ont fait le succès public de son ouvrage Tarap. Une vallée dans l’Himalaya, publié au Seuil en 1974.

A partir du début des années 1960 et jusqu’au-delà de son départ à la retraite, il ne s’est pour ainsi dire pas écoulé une année sans que C. Jest ne fasse une ou deux missions au Népal. Au nombre des spécialistes du Népal, il est certainement l’un de ceux qui ont parcouru le plus ses diverses régions. Toutefois, ses intérêts de chercheur et ses compétences, pour lesquelles il fut sollicité par des organismes internationaux (UNESCO, UNDP, Getty Foundation …), l’ont amené à œuvrer plus largement en Asie : Ladakh, Bhoutan, Région autonome du Tibet, Pakistan, Mongolie, Sri Lanka et Cambodge.

Corneille Jest est décédé le 23 janvier 2019.

Sources biographiques

  • Dollfus P., Lajoux J.-D., Lecomte-Tilouine M. & Toffin G., 1999, « Corneille Jest: Ethnologist and photographer », in European bulletin of Himalayan research, 15-16, pp. 6-10. (consultable sur HAL)
  • Sedhain P., 2014, Dr. Coreille Jest: Nepal Experience, en nepali et en anglais, diffusé sur Youtube.
  • Dollfus P, 2019, Corneille Jest (1930-2019), nécrologie sur le site du Centre d’études himalayennes.
  • Vasseux B., 2019, Corneille JEST d’après Bernadette VASSEUX, entretien réalisé par B. Khakurel, diffusé sur Youtube.

PHOTOGRAPHIES

En cours de rédaction

CARNETS DE TERRAIN

En cours de rédaction

PUBLICATIONS

Corneille Jest a produit un grand nombre de publications scientifiques au cours de sa carrière.

Une liste chronologique quasi exhaustive est actuellement diffusée par le site NepalPlus.

Une bibliographie complète est en cours de réalisation et sera prochainement diffusée par l’association Mémoires de l’Himalaya.

Sélection d'ouvrages

  • 1974, Tarap : une vallée dans l’Himalaya, Paris, Seuil.
  • 1975, Dolpo : communautés de langue tibétaine du Népal, Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique.
  • 1981, Monument du Nord du Népal, UNESCO. (consultable et téléchargeable sur leur site)
  • 1985, La Turquoise De Vie : Un Pèlerinage Tibétain, Paris, Anne-Marie Métaillié. (traduction anglaise: 1998,  Tales Of The Turquoise: A Pilgrimage in Dolpo, New York, Snow Lion)

ENREGISTREMENTS SONORES

Corneille Jest a réalisé un grand nombre d’enregistrements sonores lors de ses missions, entre 1960 et 1993.

Une partie des supports originaux ont été donnés par le Centre d’études himalayennes au Centre de recherche en Ethnomusicologie (LESC-CREM).

La numérisation des bandes originales (1960-1981) et des disques édités a été effectuée par le CREM et ces enregistrements (661 items) sont à présent diffusés librement sur la plateforme Telemeta

FILMS

En collaboration avec Jean-Dominique Lajoux, Corneille Jest a réalisé 5 films diffusés par le CNRS Images.

Il s’agit de :

  Activités quotidiennes et religieuses des habitants du petit village népalais de Tarap, situé dans la vallée encaissée de Dolpo, entourée des montagnes de l’Himalaya. Les habitants sont de langue et de culture tibétaines. Leur principale activité économique consiste en l’élevage de yacks, chevaux et moutons ; ils fabriquent du fromage, battent au fléau et vannent les récoltes. Les hommes s’occupent des travaux de couture, les femmes tissent et filent la laine. Des enfants jouent à la marelle, des adultes aux dominos. Les activités religieuses sont très présentes dans la vie du village : prières des moines, activités du chef religieux et relations au sein de sa famille, enseignement des principes religieux, gravure des canons bouddhiques, et nombreuses cérémonies et fêtes religieuses.
 

  Description détaillée de la réalisation, au Népal, d’une tan-ka, peinture sur toile représentant Ma-Gcig, divinité dont la vie fut un exemple de foi. Lors d’un rituel pratiqué pendant un jeûne collectif à Dolpo, la biographie de Ma-Gcig est récitée devant la tan-ka sur laquelle les grands événements de sa vie sont montrés aux fidèles. Le lama peintre d’une communauté de Ken dessine et peint, selon des règles très strictes, une tan-ka de Ma-Gcig. Il prépare la toile de coton, qu’il tend sur un cadre de bois, blanchit et fait sécher. Sur la surface poncée il trace les contours du dessin d’après un modèle sur papier, et applique au pinceau les couleurs selon leur valeur symbolique et religieuse.

 

  Lors de la fête annuelle de Seto Matsyendranath, à Kathmandou, la statue de la divinité est sortie du temple pour être promenée dans les rues des quartiers de la vieille ville. La légende rapporte que ceux qui voient la divinité obtiendront le salut. La statue est d’abord portée dans une châsse par des prêtres bouddhistes jusqu’au char à plusieurs étages somptueusement décoré sur lequel elle est hissée pour être promenée de temple en temple. Une foule très dense de fidèles bouddhistes et hindouistes entoure le char, et participe à la fête. Chacun dépose son offrande, décore le char, implore l’effigie de la divinité Bhairav, une multitude s’attèle pour tirer le char géant. Des musiciens jouent, des jongleurs montrent leurs talents.

 

  Chaque année la communauté tibétaine du village de Tarap au Népal célèbre le Dbyar Ston, cérémonie du milieu de l’été, qui est à la fois une fête religieuse propitiatoire et la fête de la vallée, et dure une quinzaine de jours. En 1967, la cérémonie religieuse se déroule dans le temple de Ri-bo-bum-pa. Les jeunes hommes blanchissent à la chaux les murs extérieurs du temple. Une procession accompagnée de musiciens se rend alors au sanctuaire où, tout au long des journées de cérémonie, des textes religieux sont récités, des offrandes déposées et des prières psalmodiées. Les lamas masqués dansent en cercle, en tournant sur eux-mêmes. La cérémonie se termine par le homa, offrandes au feu.

 

  Dans la haute vallée himalayenne de la Kali Gandaki au Népal, une cérémonie rituelle fait revivre tous les douze ans, l’année du singe, les quatre divinités tutélaires des clans thakali : le monstre marin, la lionne blanche des glaciers, l’éléphant-joyau et le yak produit par lui-même. Les prêtres des divinités, munis de leurs attributs de fête, marchent vers un village de montagne pour rejoindre la divinité du clan batachang, le yak. Les trois autres animaux mythiques, personnifiés par des masques, sont aussi sortis de leur réserve secrète et immergés dans la source sacrée pour être purifiés. Dans une grotte-sanctuaire les prêtres récitent la légende d’origine puis vont chercher les masques dans la source. Le doyen de l’assemblée du village les restaure et les décore longuement. Quelques jours plus tard on construit la représentation des corps des animaux mythiques, sortes de cabanes recouvertes de tissu. Ils sont portés en procession sur un trajet de près de huit kilomètres reconstituant le cheminement mythique. Le dernier jour, les masques sont ramenés dans la grotte.

OBJETS

Au cours de ses missions dans les régions himalayennes durant les années 1960 et 1970, Corneille Jest a acquis pour le Musée de l’Homme de nombreux objets du quotidien et d’artisanat (993 items) ainsi que donné des tirages de ses photographies (1257 items). Une partie de ces documents et de ceux collectés par Jacques Millot furent présentés au public lors de l’exposition « Népal, Hommes et Dieux » qui s’est tenue au sein du Musée de l’Homme de décembre 1969 à avril 1970.

L’ensemble de ces documents sont aujourd’hui conservés au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac et sont consultables sur le site Internet du Musée.

Par ailleurs, Corneille Jest a collecté un herbier de près de 240 échantillons qui a été déposé au Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris.